Centre psychothérapique Saint-Martin de Vignogoul

2018 — 2019 | 470h | Pignan

Dans le cadre de mon Master 1 en Psychologie Clinique, Psychopathologie et Psychanalyse, je suis principalement allée à la rencontre de jeunes patients psychotiques. En tant que stagiaire-psychologue, les principaux enjeux à mon arrivée au sein de l’équipe étaient de découvrir la psychothérapie institutionnelle et la psychose qui m’étaient encore inconnues.

Au cours de ce stage, j’ai développé une réelle accroche au cadre et à la psychothérapie institutionnelle. J’ai pu prendre part, activement, à la vie institutionnelle et aux dispositifs de soins proposés, en me laissant aller aux rencontres informelles. Puis, j’ai eu l’opportunité de proposer aux patients un atelier, en cocréation.

Centre-psychothérapique-Saint-Martin-de-Vignogoul---Laetitia-Aronica-Collaud

Source : Unsplash

  • J’ai guidé différents entretiens semi-directifs dans le cadre de mon Travail d’Étude et de Recherche.
  • J’ai cocréé un atelier « sensoriel », dans lequel je suis intervenue en tant que cothérapeute.

Afin de développer notre sensibilité clinique et dépasser la position d’observatrice quelque peu restreinte, une stagiaire-psychologue en Master 2 (mention Phénoménologie Clinique du Sportif et des Problématiques Corporelles) et moi-même avons eu l’initiative de proposer un nouvel atelier aux patients sur plusieurs mois.
L’atelier consistait à éveiller le corps au contact de la nature environnante, à partir d’une balade, de son exploration par les sens et par le mouvement. Depuis cette expérience, nous avons souhaité faire émerger la créativité et privilégier des temps de partage et de mise en mots. Cet atelier d’une heure trente a été investi par les patients et cela m’a permis d’interroger directement ma clinique en exercice.

  • J’ai accompagné les co-thérapeutes dans les entretiens individuels hebdomadaires.
  • J’ai pris part au temps de psychothérapie de groupe quotidien, en tant qu’observatrice participante et écoutante.
  • J’ai adopté la posture d’observatrice dans le cadre du psychodrame analytique individuel.
  • J’ai participé à la vie de groupe au sein du club thérapeutique.
  • J’ai participé à divers ateliers, dont l’atelier couture me permettant d’échanger autrement avec les patients hospitalisés au sein de la clinique.
  • J’ai eu la riche occasion de privilégier du temps pour l’informel, me permettant de découvrir l’essence même de la psychothérapie institutionnelle.

Dans un second temps, j’ai privilégié de nombreuses occasions de rencontre : en participant à divers ateliers, en cocréant un nouvel atelier, par des entrevues spontanées au sein des murs de l’institution (au foyer, dans les couloirs, autour d’un café, dans la cour…) ; ou encore en nettoyant la buanderie une fois par mois avec les patients volontaires. « Mettre la main à la pâte » avec eux, prendre soin ensemble de l’institution fait également partie du projet de soin, favorisant l’émergence de la parole et du lien social. Par ces nombreuses occasions de rencontres cliniques avec les patients, j’ai été interpellée à plusieurs reprises, que ce soit par une interrogation particulière, une manifestation d’angoisse ou plus simplement à un besoin de partage.

 

  • Enfin, j’ai participé activement aux réunions soignantes.
conclusion centre psychothérapique

Ce stage m’aura permis de m’exposer progressivement à la psychose et à la pratique clinique, prenant tout d’abord naissance dans l’abord institutionnel. Aujourd’hui, je comprends un peu mieux quels peuvent être les divers circuits psychotiques. Je me rends compte qu’il n’y pas « une schizophrénie » mais bien « des schizophrénies » : tous psychotiques ont leurs propres spécificités, tous sont attachants et passionnants.

D’avoir été baignée et bercée par l’approche groupale et collective de l’institution m’a permis de développer une nouvelle approche plus collective du soin. Ainsi, il me parait primordial d’échanger en réunion d’équipe et de privilégier les temps de transmission. Également, le travail en équipe et son hétérogénéité me paraissent essentiels.

« Le côté obscur du portage, les risques de la fonction phorique, la refermeture de la phorie sur l’emprise, l’asservissement du petit d’homme. De suffisamment bonne, la mère peut devenir insuffisamment bonne, et même tout sauf bonne. »

(DELION Pierre, 2018)

« L’idéal en place du thérapeute : il s’agit de la « idéification ».
Le psychiatre, pour lutter contre un sentiment interne d’insécurité, peut favoriser et cultiver cette idéalisation de sa personne par son patient. Il s’agit là d’un aléa de la culture artificielle et intensive du transfert positif […]
Racamier pour désigner ce moment où l’amour devient fou, trouve le mot si juste d’« adoration », cette « aimance sans fond », ce courant « d’admiration primaire » faisant risque « l’hémorragie libidinale ». Ce transfert de l’idéal dans le thérapeute peut se repérer sous forme absolue dépendance, d’une fétichisation du thérapeute. »

(CHAPEROT Christophe, 2014)

« Le soin du psychotique, aime à rappeler Jean Oury, demande beaucoup de monde, beaucoup de lieux, beaucoup d’hétérogénéité. Seul cet agencement de multiples possibles peut permettre au psychotique de déposer son propre morcellement, de s’y sentir porté, contenu, à condition, bien sûr, que l’entourage institutionnel soit suffisamment contenant et vivant. »

(MORNET Joseph, 2008)

« À son tour, le lendemain ou plus tard, le groupe est toujours là, prêt à accueillir. Le groupe a pu continuer d’exister en son absence, et cela ne peut que le rassurer. […]
Pour les schizophrènes, les groupes thérapeutiques sont de véritables espaces transitionnels au sens de Winnicott, à condition que les thérapeutes retrouvent leur capacité infantile de jouer et d’injecter dans les groupes l’humour indispensable à la circulation des affects au sein de la communauté. »

(ENJALBERT Jean-Marie, 2006)